Il y a 20 ans, j’étais compagnon à la IX, au Mans. Nous avions comme projet de parcourir la France en 2 CV pour rendre des services variés, en fonction de nos compétences. Avec l’aide d’un passionné, Manu, nous avons donc remis en état et bichonné deux 2 CV et une AK 400 pour 8 Compagnons.
Ce périple nous a menés à Arcachon où nous avons animé et accompagné durant quelques jours les résidents d’un centre d’accueil pour handicapés. Nous avons aussi contribué à remettre au propre un presbytère à côté de Clermont-Ferrand (arrachage de tapisseries, ponçage, peintures). Non loin de Rodez, c’est une ancienne chapelle en ruine que nous avons essayé de dégager de ses décombres.
Les 2 CV n’étaient qu’un moyen de transport. Mais elles nous ont permis des rencontres, des sourires, des clins d’œil… et bien souvent d’ouvrir le dialogue. Le temps de préparation nous a semblé long, surtout pour les filles qui ne s’y connaissaient pas du tout en mécanique. Nous nous sommes rabattues un peu plus sur l’intendance… et les emballages de cadeaux de Noël ou autres opérations « gâteaux » pour financer l’expédition. Nous avons pu découvrir notre complémentarité, nous motivant à tour de rôle ou nous rappelant les uns les autres à l’ordre en termes de délais ou de priorités. Chacun a mis la main à la pâte… ou au cambouis !
Au travers de ces services variés, nous avons pu nous rendre utiles, à notre niveau, de notre mieux. Nous sommes ressortis grandis de cette expérience : nous pouvions apporter quelque chose aux autres. Bien entendu, de multiples fous rires, de grandes réflexions, le temps passé ensemble sur les routes ou en service nous a soudés et nous a beaucoup apporté. Il y eu quelques imprévus bien sûr, notamment des pannes. Heureusement nous avons trouvé des bricoleurs sympathiques « de mon temps on faisait comme ça, et hop, ça repartait ». Bien souvent, et hop ça repartait, effectivement. Manu, notre passionné de 2 CV, nous a aussi dépannés à distance… mais les téléphones portables n’existaient pas encore ! il y a eu aussi des moments inoubliables (pizzas partagées un soir sur la plage après une journée déstabilisante auprès de jeunes handicapés), des déceptions (pas le temps nécessaire pour faire tout ce que nous aurions souhaité), mais aussi de grandes joies : les sourires des personnes que nous rencontrions, à qui nous avons apporté un changement dans leur quotidien.
Véronique BESSIÈRE (RICOUR)
Le 7 novembre 2018